Poésies, poèmes et musiques de Chris Christifer
Poèmes et musiques

Notes sur le poème Fatima 1917

26 juin 2012 - actualisé le 25 juillet 2012 - Christian Féron

Lorsque j'étais jeune, j'avais entendu parler des apparitions de Fatima, mais ne prenais pas cela au sérieux. D'autre part, l'Eglise ne nous impose pas de croire aux apparitions mariales. Par la suite, je me suis documenté. Les éléments dont j'ai pris connaissance, au fil des années, m'ont montré qu'il s'était réellement passé quelque chose. Tous ceux qui, comme moi, ont vu les photographies de cet événement, ne peuvent pas dire le contraire.

Fatima au Portugal - O Seculo

Le miracle du soleil le 13 octobre 1917 à la Cova da Iria, à Fatima au Portugal (source : journal O Seculo)

Sur les documents d'époque, beaucoup de choses se voient dans le regard des gens. Imaginez un instant qu'ils soient vos voisins, vos collègues de travail, vos amis ou même votre patron : pour les faire réagir ainsi, que faudrait-il ? Ensuite, les témoignages sont nombreux. L'Eglise elle-même a reconnu qu'il s'agissait d'une authentique apparition mariale. Le nombre des témoins se compte en dizaines de milliers.

Fatima au Portugal - O Seculo

Alors, hallucination collective ? Non, puisque le phénomène a été vu à des kilomètres à la ronde.

Miracle du soleil - 1917

En cherchant sur Internet avec Google, vous pourrez visiter beaucoup de sites où l'historique de cette affaire est expliqué dans le détail. Vous constaterez ceci : même si le dossier est refermé - du moins, officiellement - pour le Vatican, une polémique continue d'aller bon train. Pourtant, près d'un siècle s'est écoulé.

Pourquoi ? Il semblerait que ce soit à cause du 3e secret de Fatima.

Les secrets de Fatima

Lors des apparitions mariales de 1917, la Sainte Vierge, sous le nom de Notre Dame du Rosaire, aurait parlé à trois petits bergers de Fatima au Portugal : Lucie dos Santos et ses cousins Jacinthe et François Marto, alors âgés respectivement de 10, 7 et 9 ans. Dans l'histoire de l'humanité, c'est la première fois que des apparitions annoncées à l'avance ont eu lieu au jour dit.
Lúcia dos Santos et ses cousins Jacinta et Francisco Marto
Sainte Vierge à l'enfant Jésus

Le message aurait consisté en trois parties, communément appelées Secrets de Fatima. Les deux premières parties ont été révélées dès 1942. Le troisième aurait dû l'être en 1960, mais le Vatican n'a procédé à sa diffusion que le 26 juin 2000, sous le pontificat de Jean Paul II. Joseph Ratzinger, futur Benoit XVI, est alors cardinal et préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, également appelée Saint-Office. C'est lui qui révélera l'actuelle version connue du 3e secret.

Ci-dessous, une photo terrible. Imaginez la pression des adultes autour de Jacinthe, cette petite fille de 7 ans emportée, comme Lucie et François, dans un événement qui les dépasse totalement. Lorsque Dieu pose un doigt sur quelqu'un, il y laisse son empreinte à tout jamais.

Jacinthe, Fatima, 1917

François décèdera le 4 avril 1919 de la grippe espagnole. Jacinthe le suivra de peu le 20 février 1920, atteinte de tuberculose. Son corps sera transféré au cimetière de Fatima en 1935. A cette occasion, le visage resté intact de Jacinthe sera photographié.

Lucie commencera sa vie religieuse le 24 octobre 1925, prononcera ses voeux perpétuels le 3 octobre 1934 sous le nom de soeur Marie des Douleurs, prendra l'habit de carmélite le 13 mai 1948 sous le nom de soeur Lucie du Coeur Immaculé. Elle s'éteindra le 13 février 2005 à Coïmbra.

La béatification de Jacinthe et François s'est déroulée le 24 juin 1999.

Première partie du secret

« La première [partie] fut la vision de l'Enfer. Notre-Dame nous montra une grande mer de feu, qui paraissait se trouver sous la terre et, plongés dans ce feu, les démons et les âmes, comme s'ils étaient des braises transparentes, noires ou bronzées, avec une forme humaine. Ils flottaient dans cet incendie, soulevés par les flammes, qui sortaient d'eux-mêmes, avec des nuages de fumée. Ils retombaient de tous côtés, comme les étincelles retombent dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, avec des cris et des gémissements de douleur et de désespoir qui horrifiaient et faisaient trembler de frayeur. Les démons se distinguaient par leurs formes horribles et dégoûtantes d'animaux épouvantables et inconnus, mais transparents et noirs. Cette vision dura un moment, grâce à notre bonne Mère du Ciel qui auparavant nous avait prévenus, nous promettant de nous emmener au Ciel (à la première apparition). Autrement, je crois que nous serions morts d'épouvante et de peur. »

Vision de l'enfer

Deuxième partie du secret

« Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Coeur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et on aura la paix. La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la faim et des persécutions contre l'Eglise et le Saint-Père. Pour empêcher cette guerre, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Coeur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Eglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. A la fin, mon Coeur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira, et il sera concédé au monde un certain temps de paix. Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc. [Ici s'insère la 3e partie du Secret]. Ceci, ne le dites à personne. A François, oui, vous pouvez le dire. »

Troupes allemandes pendant le deuxième guerre mondiale
Missiles balistiques russes aujourd'hui

Troisième partie du secret

« Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche ; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde ; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre-Dame en direction de lui ; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, dit d'une voix forte : "Pénitence ! Pénitence ! Pénitence !". Et nous vîmes dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable, à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, à un Evêque vêtu de Blanc, nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père.

(Nous vîmes) divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce ; avant d'y arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin ; parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches; et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes.

Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu. »

L'authenticité de cette troisième partie est toujours controversée plus de dix ans après. En effet, elle devrait s'insérer parfaitement dans la deuxième. Or :

  1. le début aurait dû commencer par : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi », mais ce n'est pas le cas ;
  2. il devrait s'agir uniquement de paroles de la Sainte Vierge Marie - puisque c'est elle qui parle dans ce passage - et non pas de la description d'une vision ;
  3. « A François, oui, vous pouvez le dire ». S'il s'agissait vraiment d'une vision, François l'avait vue en compagnie de Lucie et de Jacinthe ; il n'y avait, par conséquent, rien à lui dire qu'il ne sache déjà... En revanche, François n'entendait pas parler la Sainte Vierge, d'où cette autorisation de le lui dire. Donc, c'est bien de paroles qu'il s'agissait, et non pas de la description d'une vision.

Par conséquent, cette troisième partie ne s'ajuste pas dans l'ensemble existant. Cela ressemble à une pièce d'un puzzle qui ne serait pas d'origine. Beaucoup d'autres élements vont dans ce sens dès que l'on étudie ce sujet.

D'un autre côté, supposons que le 3e secret révélé par le Vatican ne soit pas authentique. Dans ce cas, pourquoi y placer les erreurs grossières signalées ci-dessus, alors que l'on dispose des meilleurs théologiens, historiens et linguistes au monde ? De telles incohérences ne seraient-elles pas, au contraire, la garantie de son authenticité ?

De toutes manières, l'ensemble du secret n'ayant pas été révélé ex-cathedra, il ne rentre pas dans le domaine de l'infaillibilité papale ni du dogme.

A ce qui précède, vous aurez compris, je le pense, que la polémique est loin d'être terminée.

 

Ce qu'a demandé la Sainte Vierge Marie : fait ou pas ?

L'autre point de controverse concerne les demandes faites par la Sainte Vierge :

  • une consécration de la Russie à son Coeur immaculé ;
  • la communion réparatrice des 5 premiers samedis.

Pour le deuxième point, les communions réparatrices ne figurent pas dans le calendrier liturgique. Ce à quoi l'on peut répondre que, traditionnellement, le samedi est consacré à la Vierge Marie ; d'accord, mais lorsque ce jour n'est pas occupé par une solennité, une mémoire obligatoire ou une fête. C'est probablement parce qu'il appartient à chacun de faire ce chemin dans son coeur, déjà par la prière, pour commencer.

Pour le premier point, plusieurs consécrations et cérémonies ont eu lieu. Malheureusement, les conditions dans lesquelles celles-ci ont été faites, ne répondent pas exactement à ce qui a été demandé : la Russie devait être consacrée, celle-ci étant explicitement nommée ; et en même temps, en union avec tous les évêques du monde.

Ce à quoi l'on peut répondre que la consécration de 1984 par Jean Paul II concernait le monde dans son ensemble, et donc la Russie, puisque celle-ci fait partie du monde. Certes, mais la Russie n'y était pas explicitement nommée. Or, la moindre des choses dans une consécration, c'est de nommer publiquement ce que l'on doit consacrer. Mais peut-être y avait-il des raisons diplomatiques et humaines expliquant cette omission.

La Consécration du monde au Coeur Immaculé de Marie le 25 mars 1984

Consécration du 25 mars 1984 avec Jean-Paul II place Saint-Pierre à Rome

Actuellement, en Russie, l'Eglise Catholique Romaine représente 1 % de la population. C'est l'avant-dernière dans ce pays (source : Wikipedia). Pour les orthodoxes (56 %), bien que chrétiens, le Saint-Esprit procède uniquement du Père, alors que pour les catholiques, celui-ci procède aussi du Fils ("...qui ex Patre Filioque procedit..."). Mais ce n'est pas tout. Pour les catholiques, la Sainte-Vierge aurait été conçue exempte du péché originel. Ce dogme n'est pas accepté par les orthodoxes. Le schisme remonte à l'an 1054, il serait heureux que les théologiens parviennent enfin à le résoudre, car ce qui doit réunir les chrétiens ne devrait pas les diviser.

 
Les papes étaient-ils les seuls à connaître le 3e secret de Fatima ?

Non, pas forcément. Par exemple, Jean XXIII avait fait lire le troisième secret au cardinal Ottaviani en 1960. Egalement, sous le pontificat de Jean-Paul II, le cardinal Ratzinger le connaissait aussi. Ce fait est attesté dans une interview accordée à la revue Jésus en 1984. Le cas n'a donc rien d'unique, la Congrégation pour la doctrine de la foi étant appelée à statuer sur la révélation de ce secret. Il faudrait plutôt se demander pourquoi il n'y a pas eu plus de fuites, notamment en ce qui concerne le Père Malachi Martin.

L'acte de révélation est un engagement du Vatican devant les nations, celui que la vérité a été dite. Evidemment, beaucoup de personnes se demandent : « Une vérité oui, mais la même pour tous ? ». En effet, de quelle manière un chef d'Etat comprend t-il la vérité par rapport à un homme du peuple ?

José Alves Correia da Silva, évêque de Leiria

Sur le coussin brodé, l'enveloppe contenant le 3e secret de Fatima, présentée par l'évêque José Alves Correia da Silva en 1947. Cette enveloppe sera remise le 4 avril 1957 aux Archives secrètes du Saint-Office.

Pourquoi ai-je écrit Fatima 1917 ?


Dans le poème Fatima 1917, vous ne trouverez aucune accusation, rien d'autre que des questions. Beaucoup de chrétiens - et aussi de non-chrétiens - se les posent aussi.

Le centième anniversaire de Fatima se déroulera en 2017. Mon poème ainsi que ses notes arriveront peut-être, à un moment donné, sur le bureau d'un cardinal, d'un évêque ou du Très Saint Père lui-même. Je l'ai écrit en alexandrins - une forme qui existe depuis l'Antiquité - pour rappeler que, de tous temps et sans cesse, rien n'a arrêté les hommes qui cherchent la vérité.

C'est aussi pour rappeler ceci. Le plus sévère des juges, ce n'est pas la colère des hommes devant la confiance trahie. A la fin des temps, Saint Michel pèsera les âmes dans sa balance, dit-on. Ce jour-là, l'archange fera preuve d'indulgence. Mais que pèsera celle-ci devant le poids de certaines fautes ? La justice du ciel n'est pas la même que celle des hommes...

Si vous cherchez la vérité, elle est dans vos coeurs. Mais pour l'heure exacte, c'est la grande horloge qu'il faut regarder.

Cathédrale d'Amiens, Porte du Sauveur, Saint-Michel

Saint Michel pèse les âmes dans sa balance (Cathédrale d'Amiens, Porte du Sauveur)

A propos de la grande horloge


Parmi ceux qui ont écrit sur les apparitions de Fatima, certains ont parlé de celles de La Salette et de Garabandal mais, curieusement, aucun ne semble avoir fait le rapprochement avec un tableau exposé à l'église de la Charité à Séville, en Espagne.

Ce tableau, intitulé In ictu oculi (En un clin d'oeil) est de Juan de Valdès Leal entre 1670 et 1672, à la commande de Don Miguel de Mañara, frère majeur de la confrérie de la Sainte Charité. Même Théophile Gauthier avait reconnu le talent de Valdès Leal dans un poème en 1854.

Apparemment, ce n'est rien de plus qu'une Vanité classique : les symboles du pouvoir temporel (sceptre), religieux (tiare papale), militaire (épée, cuirasse) et scientifique (livres) s'y trouvent. La grande faucheuse, prête à bondir, semble dire : « Qui que vous soyez, roi, pape, savant ou soldat, et quoique vous possédiez, peu m'importe ; moi, la mort, je viendrai à l'heure dite vous emporter avec le cerceuil que j'ai sous mon bras. Lorsque vous me verrez en face, ce sera fait en un clin d'oeil ».

Juan de Valdès Leal - In ictu oculi

Juan de Valdès Leal (1622 - 1690) - In ictu oculi (1670 - 1672). Toile exposée à l'église de la Caridad à Séville (Espagne)

Pour un touriste, cette interprétation conviendrait. Pour un regard exercé, non, à cause de deux éléments sur cette toile.

Premier élément : la mort tourne le globe terrestre en faisant basculer la ligne d'équateur. Une sorte de serpent sort sous son pied, se tortille et s'échappe vers la gauche comme la fumée d'un volcan. Que cela symbolise t-il ? Un événement passé ou à venir ?

Pour répondre à cette question, il faut regarder le globe où l'on reconnaît l'océan Pacifique. La région où la mort a posé son pied correspond à l'Est de la Ceinture de feu, la faille de San-Andréas ainsi que la caldera de Yellowstone. Comme le savent les géologues, ces zones sont à surveiller tout particulièrement à cause de leur activité sismique.

In ictu oculi - détail du globe terrestre

Notez que, si un événement volcanique comme celui du Mont Saint-Helens en 1980 devait s'y produire (ou plus violent encore), le panache de fumée aurait tendance à aller dans le sens représenté, étant donné le sens de rotation de notre planète. Cela se verrait forcément depuis l'orbite terrestre. S'agirait-il d'une prédiction d'une future catastrophe mondiale ?

Deuxième élément : avec sa main, la mort cache la flamme qui éclaire le caveau, plongeant celui-ci dans les ténèbres. Ses doigts semblent indiquer l'heure parmi les lettres en demi-cercle, comme des aiguilles sur le cadran d'une horloge. Entre son pouce et son index, un espace presque équivalent au basculement du globe...

In ictu oculi - détail de la main

Pour le jour et l'heure, il faut regarder la grande horloge.

Ce deux éléments sont totalement inhabituels dans une Vanité. Réfléchissez-y à deux fois avant de dire que cela ne signifie rien : s'il s'agit uniquement de la mort de celui qui regarde cette toile, alors c'est inutile de faire basculer le monde sous un serpent. Que savait exactement celui qui a commandé cette toile au 17e siècle ?

Dans cette optique, le « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » du 3e secret - qu'il soit authentique ou pas - semble parfaitement de circonstance. Maintenant, en votre âme et conscience, fallait-il dire quelque chose de plus, que ce soit ex-cathedra ou pas ?

 

Liens utiles

Secrets de Fatima - Wikipedia
Vatican, Congrégation de la foi - Message de Fatima
Notre Dame de Fatima - fatima.be
Le 3e secret de Fatima - Pierre Jovanovic