Poésies, poèmes et musiques de Chris Christifer
Poèmes et musiques

Lettre d'adieu

Christian Féron, décembre 2020

Je m'en vais. J'ai décidé de mettre fin à mes jours. C'est pour ce soir.

Je laisse cette lettre, que j'ai commencée depuis un certain temps déjà, en pensant à ceux qui se poseront des questions, se demanderont quelles sont mes raisons.

Écrire ce genre de texte est un curieux exercice que, en tout état de cause, je ne me propose pas de renouveler. Il convient que je donne les raisons de mon départ. Je suppose que des fonctionnaires de police ou de gendarmerie seront les premiers à me lire.

Qu'ils sachent que j'ai le plus profond respect pour leur profession. Ils me comprendront probablement en songeant à tous leurs collègues ayant mis fin à leurs jours. En moyenne, on compte dans leurs rangs plus d'un suicide par semaine en 2019. Pourtant, ils partagent des repères, des valeurs, un esprit de corps, une « colonne vertébrale » comme on dit. Ils ont une sécurité de l'emploi. Ils peuvent compter sur leurs collègues pour les soutenir.

Comment peut-on se suicider dans ces conditions ? D'autant plus que, si la pression au travail était devenue insupportable, ils avaient la possibilité de démissionner. Mais, ne connaissant pas d'autres métiers, la plupart auraient été condamnés au chômage puis au RSA. La fin qu'ils ont choisie était-elle plus digne ? Je ne sais, mais ils sont partis maîtres de leur existence, au moins.

Si ces hommes de cette trempe ont choisi de mettre fin à leurs jours, qu'est-ce que les autres ont à espérer ? Cela arrivera peut-être à l'un d'entre vous qui me lisez, même si cela peut vous paraître impossible aujourd'hui. Appelez cela comme vous voulez : destin, fatalité...

Qui suis-je ?

Mon premier métier était armurier. Mon père et mon grand-père l'étaient aussi, j'ai beaucoup appris avec eux. J'ai exercé pendant 25 ans devant l'établi, à réparer, restaurer et fabriquer tous types d'armes. En ce sens, je fais partie des « gens d'armes », tout en précisant bien que je ne suis pas gendarme.

J'ai commencé à me poser des questions vers l'âge de 40 ans. Ensuite, je suis devenu webmaster, programmeur (certains de mes logiciels se trouvent toujours sur le web, disponibles gratuitement), puis journaliste. J'ai même écrit trois livres, que j'ai tenu à diffuser gratuitement aussi, étant pour une diffusion libre de la culture.

J'ai parfois l'impression d'avoir vécu plusieurs vies en une seule, tellement j'ai appris de choses dans celle-ci.

Bien évidemment, j'aurais pu continuer dans la profession d'armurier, mais il me serait aujourd'hui impossible d'exercer, étant donné qu'un CQP est désormais nécessaire. Certes, je pourrais en passer un, mais la dépense est de 5000 euros juste pour des choses que je sais déjà. Dans mon cas, j'estime que ce serait du racket. D'autre part, les plus grands armuriers n'avaient pas de CQP : John Moses Browning, Boutet, Devisme, messieurs Gastinne et Renette, James Purdey, ... La liste est longue !

La classe politique peut faire disparaître un métier en quelques traits de plume. D'ailleurs, depuis le décret-loi de 1995 sur l'armement, la moitié des armuriers ont disparu. Il n'en reste plus que 800 environ en France. D'ailleurs, c'est moi qui ait procédé à ce comptage et diffusé le chiffre publiquement, alors je suis bien placé pour le savoir.

C'est un métier en sursis, surtout étant donné la situation sociale dans notre pays. Des jeunes qui passent leur diplôme d'armurier aujourd'hui, ne sont pas certains d'arriver à l'âge de la retraite dans cette activité.

Avez-vous une arme ?

Le jour où vous voudrez une arme et des munitions pour défendre votre famille, il n'est pas certain que vous en trouverez une. Peut-être serez-vous confronté à des Kalachnikov venues des quartiers, alors que vous n'aurez qu'une réplique de révolver à poudre noire - voire une pauvre bombe à gaz.

Personnellement, je considère que les hommes politiques français m'ont volé mon métier, en faisant appliquer une réglementation de plus en plus dure, et sans dédommager les armuriers qui en ont été victimes. J'en ai vu beaucoup qui ont fermé boutique, y compris à Paris. J'en ai aussi connus qui se sont retrouvés au RSA, alors qu'ils avaient une parfaite connaissance du métier.

Mes raisons

J'aurais dû mourir depuis longtemps déjà, ayant subi un accident de moto à l'âge de 18 ans. Depuis une quarantaine d'années, je suis sous anticoagulants. Je dois également mettre des bas de contention chaque jour. J'ai un rayon de marche limité. Mes deux veines iliaques ainsi que le bas de ma veine cave sont bouchées par une thrombose depuis plus de quarante ans.

Chaque année, cette thrombose remonte un peu plus vers mon cœur, malgré les anticoagulants. Avec cette pathologie, on ne dépasse que rarement 35 ans. Voilà un an, j'ai eu la jambe gauche bloquée pendant 4 jours. Sachez que j'ai bien utilisé mon temps supplémentaire, mais il touche à sa fin.

On se bat lorsque l'on a des raisons d'espérer - mais l'espérance est-elle une stratégie ? Or, je ne reconnais plus le pays dans lequel je vis. Il convient, à ce point, de dire que je suis né en 1960, alors que Charles de Gaulle était président de la République. Je me souviens de la France de ma jeunesse, je compare avec celle d'aujourd'hui. Quelle différence...

Reformatage social

J'observe une société en cours de reformatage social. Les populations présentes sur le territoire national changent, les services de police et de gendarmerie sont bien placés pour le savoir. Lorsqu'une nuit d'émeutes se produit dans une cité sensible, il arrive même que les médias grand-public ne nous le disent même pas.

Les avantages sociaux, fruit des luttes syndicales, sont progressivement retirés aux salariés. La pauvreté progresse. Des retraités ne peuvent plus se chauffer, car ils n'ont plus assez d'argent pour le faire. Ils étaient assez jeunes pour payer leur retraite autrefois. Aujourd'hui, ils sont juste bons à mourir de froid.

Parfois, les pompiers interviennent chez une personne âgée décédée chez elle, trouvent des boîtes d'aliments pour chat dans les placards, alors que cette personne ne possédait aucun animal domestique.

D'autres fois, on jette une vieille institutrice hors de son appartement, en hiver, parce qu'elle n'arrive plus à payer son loyer. Elle se retrouve avec ses affaires dans l'entrée de l'immeuble, priée de déguerpir au plus vite. En cherchant un peu, vous trouverez sa photo, car elle a été suffisamment diffusée.

Sommes-nous encore en France ?

J'évite de regarder les nouvelles. Mais, étant un ancien journaliste avec carte de presse nationale, obtenue à la régulière, je me tiens informé. Je dois ajouter que j'ai étudié la création monétaire ainsi que la lutte des classes. Lorsque j'observe les mesures prises actuellement par notre gouvernement, le résultat se voit : privatisations, diminution des services publics, augmentation des prix, perte de pouvoir d'achat, etc.

À terme, nous en reviendrons aux deux classes définies par Marx : la bourgeoisie propriétaire de l'outil de production, et les travailleurs fournissant leur force de travail, le tout encadré par le capital financier. En résumé, des riches d'une part ; d'autre part, des gens exploités qui s'en sortiront tout juste, ne gagnant que le minimum ; et enfin, des gens encore plus démunis parce qu'ils n'auront pas d'emploi, puisque le chômage permet de faire baisser le coût du travail. Quant à la classe moyenne, elle finira par ne plus exister.

Ce n'est pas ma France.

J'ai observé avec beaucoup d'intérêt le mouvement des Gilets jaunes. Cela m'a rendu espoir pendant quelque temps. Puis, comprenant qu'ils ne disposaient pas d'une véritable capacité de nuisance - et qu'ils voulaient rester pacifiques pour la plupart -, j'ai compris qu'ils n'obtiendraient aucun résultat concernant le pouvoir d'achat, la baisse des impôts et taxes, le recul des droits sociaux.

Même le droit au travail est impacté à cause des charges. La plupart des auto-entrepreneurs jettent l'éponge dans les trois ans. Peut-on encore dire qu'un vrai droit au travail existe encore dans ces conditions ? Le droit au travail, c'est la liberté de pouvoir exercer à son compte dans des conditions satisfaisantes, non pas en étant racketté de tous les côtés.

Encore une fois, ce n'est pas ma France.

Parlons d'avenir

J'aimerais voir les Gilets jaunes devenir un vaste mouvement populaire, capable de changer les choses, mais je sais que la plupart des Français ne sont pas prêts à sortir de leur zone de confort.

Cela viendra probablement lorsque les conditions seront devenues trop dures. À ce moment-là, peut-être aurons nous une guerre civile, voire une révolution, mais je n'y crois guère.

Ou bien, il n'y aura pas de révolution, et notre pays continuera à s'enfoncer dans la pauvreté. Dans les deux cas, les 20 prochaines années seront particulièrement difficiles. Or, dans une décennie seulement, j'aurais 70 ans. Je serai au minimum retraite - plus exactement, ce qu'il restera de ce minimum avec la prochaine réforme. Rien de bon à espérer pour moi, donc.

Je crois en Dieu

Pour les personnes dites « d'extrême-droite » par les médias de masse, ne croyez pas que mon geste ait quelque chose de commun avec celui de Dominique Venner. En 2013, il a choisi la plus belle des cathédrales comme dernier décor qu'il verrait. Pour ma part, j'aurais préféré pour moi le grand temple de la nature, car Jean-Jacques Rousseau écrivait que : « Le spectacle de la nature guérit de tout ». Ne vous laissez pas abuser par le mot « temple » que j'ai utilisé, car je crois, moi aussi, en Dieu. Mais les circonstances sont ce qu'elles sont.

Ne pensez pas que, parce que parle de Dominique Venner, je sois d'extrême-droite ; je suis simplement humaniste, dans le sens noble que Victor Hugo et Emile Zola avaient donné à ce mot.

Je préfère tirer ma révérence debout et libre, plutôt qu'à genoux et comme un esclave sous la politique d'Emmanuel Macron et, plus largement, de l'Union européenne qui verrouille notre avenir à tous.

À cet égard, demandez-vous quel chef d'État a fait baisser le chômage de 6 millions à 1,5 million en 4 ans seulement. Oui, l'un d'entre eux a réussi ce petit miracle. Lequel ? La réponse ne vous plaira pas, mais c'est un fait historique. Ce personnage est plutôt connu en mal, c'est le moins que l'on puisse dire. Alors, lorsque j'entends dire que le chômage est endémique et structurel, inévitable, comment voulez-vous que j'y croie ?

La France a été un grand pays souverain. Si la volonté politique réelle avait vraiment été de réduire le chômage, elle y serait arrivée depuis longtemps. Cependant, l'utilité économique du chômage est de faire baisser les salaires...

Bref, je quitte l'arène

Malheureusement, mon état de santé et mes moyens ne m'ont pas permis de tout recommencer ailleurs, sinon j'aurai quitté la France depuis des années déjà. Mais il n'est peut-être pas trop tard pour vous.

Pour ma part, j'ai 60 ans. J'ai vécu heureux. J'ai aimé et j'ai été aimé en retour. Je ne suis pas venu sur Terre pour rien, car j'ai laissé des choses derrière moi, pas seulement matérielles.

J'ai aussi appris à ouvrir les yeux. Ce que j'ai vu de plus merveilleux dans mon existence est la nature, mais aussi le fruit de mon travail, étant donné que j'ai effectué de belles réalisations. Assez curieusement, je n'ai trouvé que quelques jolies choses dans l'espèce humaine, et beaucoup trop de mauvaises.

Même les singes sont moins nuisibles que nous, puisqu'ils ne détruisent pas leur environnement...

Secrets de métier

Je pars avec mes secrets de métier, désolé de n'avoir pas eu le temps de les transmettre tous. Ces connaissances-là ne sont pas enseignées dans les écoles d'armurerie. Une partie venait de mon père et de mon grand-père, l'autre de recherches personnelles que j'avais mené lorsque j'étais en activité.

Étant donné la manière dont notre gouvernement a traité ma profession, je suis très heureux de faire ce dernier pied de nez à ceux qui nous dirigent. A leur intention, je leur dis que, si un jour ils avaient besoin de certaines de mes techniques, cela leur coûtera plus cher de les retrouver, que tous les impôts et taxes que j'ai été obligé de leur verser pendant des années. C'est une conséquence directe de leurs actes.

Est-il nécessaire que j'ajoute un mot sur la crise du coronavirus ?

Comme si ce qui précédait ne suffisait pas déjà, un grain de sable est venu enrayer la mécanique bancale de la société occidentale : venu de Chine, un minuscule virus est venu bouleverser notre quotidien et nos habitudes.

Je pense que la plupart des gens l'ont compris : la France va s'appauvrir à cause des conséquences économiques de la crise du coronavirus. D'après les informations dont je dispose, il y aura réellement un avant et un après. Ne croyez pas que la vaccination de masse mettra fin aux périodes de confinement, au port du masque et à la distanciation sociale.

Le pire n'est pas la maladie en elle-même, mais les mesures prises pour lutter contre elle. Vous ne pourrez pas faire grand-chose au niveau purement individuel, car prendre des précautions ne suffira pas. Il vous faudra miser sur des actions collectives ciblées, stratégiques, le jour où suffisamment de personnes auront compris les enjeux réels. Il s'agit, ni plus ni moins, que de nos libertés et celle de nos descendants.

Le contrat social - pour lequel aucun d'entre nous n'a jamais signé, d'ailleurs, si ce n'est pour sa carte d'identité - est rompu. De nouvelles règles sont en train d'être mises en place. Malheureusement, elles ont été décidées par des personnes n'ayant pas été élues démocratiquement.

Non sans enthousiasme, le président Emmanuel Macron suit la feuille de route de l'Union européenne, vassale des Etats-Unis dans un objectif mondialiste. Mais nous en subissons les conséquences désastreuses jour après jour...

Trésor public = voleurs

Le Trésor public va perdre un client de plus : moi. Mais, étant donné les circonstances, je suis heureux de ne plus payer pour les parasites, les incompétents, les crapules et les assassins qui nous gouvernent. Assassins, le mot n'est pas trop fort : combien de morts doit-on aux décisions qu'ils ont prises ?

Si je pars, ce n'est pas un acte de désespoir, mais de gestion : je refuse d'apporter ma caution financière et morale à un système qui nous réduit tous en esclavage.

En m'en allant, je retire ma caution financière et morale à ce système.

En effet, même si vous n'achetez qu'une boîte de conserve ou des spaghettis, vous financez ce système délétère sous forme de TVA.

Plus nous payons, plus nous le rendons fort, et plus nous sommes faibles. Payer des impôts et des taxes, de nos jours, c'est financer son propre esclavage et celui des autres. C'est être un collabo. Et ne dites pas : « Je ne peux pas faire autrement », car ce serait reconnaître qu'il était inévitable que vous soyez un collabo.

Il est vrai que, historiquement, notre pays ne manque pas de ce genre d'individus. Probablement est-ce génétique... Quoiqu'il en soit, d'après Milgram, notre soumission à l'autorité fait de nous « 60 % de nazis potentiels ». Si vous ne me croyez pas, renseignez-vous sur l'expérience de Milgram, et vous verrez.

Je pars tranquille

Je pars tranquille, puisque je ne paierai plus pour tout cela. Malheureusement, vous me remplacerez dans ce rôle, ainsi que vos fils et votre descendance : il faut bien des gens pour payer la dette de la France, n'est-ce pas ? Vous savez qu'elle augmentera encore et encore.

Je vous laisse ma part de : malbouffe, chômage, cancer, impôts et taxes, gouvernement qui mutile ses citoyens (combien d'yeux crevés à coups de LBD40, combien de mains arrachées par les grenades de désencerclement ?), perturbateurs endocriniens ou cancérigènes (selon l'étude de Santé publique France, tous les Français en sont imprégnés), maisons de retraite avec des conditions de vie douteuses (puisque, dans la plupart des cas, c'est là que vous finirez, mais pas moi).

Désormais, je ne participerai plus financièrement à votre esclavage - puisque je ne paierai plus rien à ce système. Je quitte les barreaux invisibles de notre prison commune. Dois-je vous rappeler que l'être humain est le seul animal qui paye pour vivre ? Les animaux n'ont pas besoin d'argent depuis des millénaires, et ils nous survivront probablement.

Bref, je vous laisse tout cela sans regret...